Numérique et adaptation de L’Obs. et de Sidwaya : le renforcement de la digitalisation s’impose, selon Dimitri Régis Balima
En marge des activités commémoratives du cinquantenaire du quotidien L’Observateur Paalga, un colloque scientifique a été organisé ce 23 mai 2023 à l’Université Joseph Ki- Zerbo de Ouagadougou. Le jubilé d’or du canard a en effet été marqué par des communications. Deux d’entre elles ont été rapportés dans cet article. Lisez plutôt.
La session I du colloque scientifique s’est penché sur « les pratiques journalistiques à l’ère du numérique », occasion pour le Dr Jean Hubert Bazié de revenir en conférence inaugurale sur l’historique de la presse écrite au Burkina Faso. Trois points ont été développés par le premier orateur du jour. Le premier concerne le cadre politique qui était contraignant et fondé sur le code de l’indigénat, qui a été à l’origine du travail forcé. Selon l’enseignant, ce code a permis au colonisateur de mobiliser et punir les sujets coloniaux sans risquer d’être inquiété. « De 1887 à 1946 ce contexte n’a pas permis l’émergence d’une presse privé au sein des anciennes colonies de l’AOF, les africains ne pouvaient pas s’exprimer. On ne parlait donc pas de liberté de presse. Au cours de la seconde guerre mondiale, avec la conférence de Brazzaville, il y a eu des promesses qui avaient été faites par le président Charles de Gaulle, dans le sens de la prise de mesure libérales après la guerre. A la fin du conflit, il y a eu cette possibilité pour les cadres de s’organiser sur le plan politique et syndical. C’est dans ce contexte que la presse est née », a-t-il expliqué.
Pour la naissance de la presse, de l’avis de Jean Hubert Bazié, on ne parlait pas de producteur de contenu mais de journaliste, parce que les pisses-copies n’étaient pas encore professionnels. « C’était des hommes politiques ou des syndicats qui exprimaient leurs opinions. Il y avait trois voix discordantes : l’opinion communiste, l’opinion catholique et l’opinion proche de l’idée du Voltaïque, de la monarchie de Ouagadougou et aussi du catholicisme.Les journaux qui sont donc nés au lendemain de la seconde guerre mondiale jusqu’au lendemain des indépendances vont être le contre le communisme, c’était donc une forme de bipartisme même s’il y avait 3 types de journaux. C’est avec l’indépendance et la tentative de mettre en place un parti unique que la censure des libertés s’est une fois de plus installée. Cela a empêché la naissance de la presse libre », a-t-il indiqué.
Dans la suite de son développement, le communicateur a également abordé les moyens techniques, le développement de l’imprimerie nationale et celle de l’église catholique, mais c’est surtout la coopération danoise qui, selon lui, a donné de la force à la presse grâce au financement, à l’appui logistique, la formation, l’insertion des journaux à l’ère du numérique. Le journalisme professionnel a émergé. Des difficultés ont donc jalonné l’évolution du journal qui n’a pas été rectiligne.
La question des mécanismes d’adaptation de L’Obs. et de Sidwaya à l’ère du numérique a été discuté au cours du colloque scientifique. Et c’est l’enseignant chercheur Balima Dimitri Régis et le doctorant en média et communication, Clauris Sanaqui ont lancé la réflexion. Tous ont reconnu d’entrée de jeu que l’émergence d’Internet et l’expansion des appareils numériques ont bouleversé les pratiques journalistiques et la consommation de l’information. « Le traitement et la diffusion de l’information ne sont donc plus exclusivement réservés aux journalistes. La démarche méthodologique utilisée par les deux conférenciers est la méthode qualitative à travers un entretien semi-directif et analyse de contenu », a confié M. Balima.
Face à cette nouvelle donne, les deux quotidiens vont développer des mécanismes d’adaptation. Le quotidien d’Etat va initier la diffusion de l’information par SMS, proposer des flashes info de 150 caractères etc. Le journal de Naki Beugo, lui, selon les communicateurs va ajouter une version numérisée du journal papier accessible en ligne, créer un site web dédié au canard, un journal pure-player : lobspaalga.com. Ce besoind’adoption aux TIC passe aussi par la présence des Editions Paalga sur les réseaux sociaux notamment Facebook, Youtube, Tweeter etc.
En outre, à la fin de leur argumentaire, les deux intellectuels sont revenus sur les contraintes et les perspectives « de survie » des deux médias sujets de l’étude. Ils ont donc proposé, sur les nouveaux supports, la rigueur et l’approfondissement dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information (l’instantanéité peut avoir des incidences sur le rendu). Par ailleurs, ils ont attiré l’attention sur le risque lié à la diffusion numérique (manque de la culture de la propriété intellectuelle : distribution en masse dans les réseaux). La révolution numérique est irréversible, ont réaffirmé les orateurs, invitant L’Obs. et Sidwaya, qui ont entamé le processus de digitalisation à renforcer les initiatives pour donner plus de chances aux deux groupes de presse.
W. Harold Alex Kaboré