Société

Etat de droit et démocratie : naissance du Cadre de réflexion et d’orientation dans le Liptako -Gourma

Le Cadre de réflexion et d’orientation sur l’Etat de droit et la démocratie (CROD) est une organisation non gouvernementale qui a pour objectif de participera à l’enracinement de l’Etat de droit et de la démocratie dans la zone du Liptako -Gourma. Comment compte-t-il y arriver? explication dans ce document ci-dessous du comité d’initiative.

« L’impérativité d’un dialogue fécond avec les institutions traditionnelles, coutumières et religieuses pour une citoyenneté responsable et une société plus cohésive »

I. Contexte et justification

En Afrique, les luttes pour les indépendances dont la plupart sont intervenues pendant la décennie 1955-1964 ont été des moments de sacrifices des peuples et de leurs élites. Lorsqu’ils ont accédé à la souveraineté nationale et à la reconnaissance internationale, la plupart des Etats ont adopté la démocratie comme la meilleure forme de gouvernement par rapport aux monarchies et aux dictatures. Mais, les premières expériences démocratiques n’ont pas survécu aux velléités monopolistes de nombre de présidents et à l’intérêt des militaires pour le pouvoir politique au cours des décennies 1970 et 1980. Dans les années 1990, il y a eu un retour au multipartisme à la faveur de la chute du Mur de Berlin le 09 novembre 1989 et des luttes internes que les peuples subsahariens ont menées contre les régimes militaires ou à parti unique. Cependant, il a, au lieu de consolider la démocratie, laissé la place à des instabilités politiques, des régimes militaires et même à des tentatives de réinstauration de partis uniques. Ainsi donc depuis les indépendances, les classes dirigeantes, quelles que soient les idéologies dont elles se sont drapées et les engagements qu’elles ont pris jusqu’à nos jours, n’ont donc pas réussi, même si la bonne foi de certaines d’entre elles était attestée, à répondre aux attentes de leurs peuples sur les plans social, politique, sécuritaire et économique. Si on a pu parler de la crise de l’Etat, ou de l’Etat failli, pour caractériser l’instabilité politique lancinante qui compromet le développement dans la plupart des Etats en Afrique au sud du Sahara, le phénomène que cette situation a engendré est l’apparition, à partir des années 2010, de forces non étatiques qui projettent de construire de nouveaux imaginaires politiques et spirituels à l’encontre de l’Etat laïc et démocratique. Dans la foulée de ces imaginaires, les acquis, d’ailleurs fragiles, dans la lutte contre les inégalités et les disparités de genre et d’un traitement encore plus humain de la femme sont en train d’être vendangés. Phénomène très marqué dans la région du Liptako-Gourma sous le prisme du terrorisme et des conflits communautaires, la problématique de la sortie de crise se pose et des réponses diverses sont apportées, comme les réflexions autour des solutions endogènes et alternatives qui peuvent être en adéquation avec les principes généraux de l’Etat de droit démocratique. Pour ce faire, il importe de procéder à une identification préalable des institutions susceptibles d’être des connecteurs. Dans cet exercice, les institutions traditionnelles et religieuses font partie des acteurs de premier plan car,

i) en dépit des inconduites réelles ou supposées de certains chefs traditionnels et coutumiers et de certains responsables religieux, leurs paroles sont dignes d’intérêt du fait qu’ils représentent des institutions multiséculaires voire millénaires ;

ii) ces institutions ont su faire preuve de résilience face à des régimes qui leur étaient hostiles ou condescendants. En somme, les Etats de droit démocratique classiques ayant montré leurs limites tandis que les institutions traditionnelles et religieuses ont prouvé leur capacité à trouver les solutions fussent-elles conjoncturelles pour éviter que le chaos s’installe à la tête de nos pays, il convient de ne plus percevoir de dichotomie ni de relation d’exclusion entre Etat de droit démocratique et légitimités traditionnelles et religieuses. Il sied également de pas confiner le rôle des légitimités traditionnelles et religieuses à celui de faire-valoir ou de recours utilitaire temporaire. Mieux, il urge que des réflexions stratégiques soient menées pour découvrir et exposer le potentiel contenu dans les institutions coutumières et religieuses en termes d’outils de prévention, de gestion et de résolution des crises et des conflits dans un environnement démocratique : servir aussi et surtout de vaccin (préventif) contre les conflits et non uniquement de sérum (curatif), telle doit être la contribution des légitimités traditionnelles, coutumières et religieuses. Il doit en être de même pour la place et le rôle de la femme au sein de nos sociétés qui sont insuffisamment pris en compte en dépit des arsenaux juridiques existants, de la littérature foisonnante et des discours politiques généreux sur ces questions. Première personne à enseigner à l’être humain les valeurs cardinales (le vrai, le bien, le juste, le beau) de la société, dont l’observation conditionne son avenir au sein de la collectivité politique, la femme est plus que jamais une actrice sociale susceptible d’apporter une contribution décisive dans la recherche des solutions aux défis qui nous assaillent. Les pouvoirs publics pourraient donc tirer davantage profit des potentialités de la chefferie traditionnelle et coutumière, des confessions religieuses et de la femme pour construire une société moins soumise aux conflits et, par conséquent, une collectivité politique plus stable et plus cohésive. C’est dans cette perspective qu’est envisagée, DEPUIS NOVEMBRE 2022, la création d’une organisation non-gouvernementale régionale dénommée Cadre de réflexion et d’orientation sur l’Etat de droit et la démocratie en abrégé CROD qui couvre les trois (03) pays membres du Liptako-Gourma, le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

II. Objectifs L’objectif général du CROD est d’œuvrer, en synergie avec les légitimités traditionnelles et religieuses, les milieux universitaires, le monde de la société civile et le secteur privé, à l’enracinement de l’Etat de droit et de la démocratie dans la sous-région du Liptako-Gourma.

De façon spécifique, il s’agira de :

– promouvoir, par la recherche appliquée, les mécanismes traditionnels et religieux de gouvernance compatibles avec les principes démocratiques ;

– accompagner la mise en œuvre des politiques de cohésion sociale, de prévention des conflits et de lutte contre les inégalités et les disparités de genre ;

– servir de force de proposition aux décideurs publics et aux partenaires au développement dans le sens d’une plus grande prise en compte des valeurs traditionnelles subsahariennes dans la gouvernance démocratique.

III. Valeurs cardinales du CROD

• Humanité ; • Respect de la diversité ; • Impartialité ; • Tolérance ; • Indépendance ; • Inclusion.

Au regard de la noblesse des objectifs du CROD et des valeurs qui en sont les flammes morales inextinguibles, les Burkinabè, les Maliens et les Nigériens et les ami.e.s de ces trois (03) peuples sont invités à prendre part à la création, à l’animation et à la pérennisation de cette initiative dont les préparatifs de l’assemblée générale constitutive sont en cours. Elle se tiendra dans les toutes prochaines semaines à une date qui sera rendue publique.

Le Comité d’initiative dont la composition n’est pas exhaustive se compose, pour le moment, comme suit :

Coordonnateur du Comité d’initiative : Paala TOUBGA, doctorant en sociologie politique Cellulaire : +226 74 75 75 70 Courriel : paala.toubga@ujkz.bf Membres (dont la liste n’est pas exhaustive)

1. BADINI Issaka , doctorant en histoire

2. BADJIOU Aouia, doctorant en civilisation américaine

3. BAZIE Yaya, doctorant en histoire 4. BÉBANÉ Issa, doctorant en sciences de l’information et de la communication

5. BIHOUN Félicité, doctorante en lettres modernes

6. DABAL Boukary, doctorant en histoire de l’art

7. DABINI l. Patrice, doctorant en sociologie

8. DACOSTA Florent, doctorant en histoire, économie et relations internationales

9. DAMIBA Jean-Claude Judicaël, doctorant en psychologie

10. KABORÉ Barthélemy, doctorant en littérature orale

11. KABORÉ Idrissa, doctorant en psychologie clinique et psychopathologie

12. KABRÉ Sophie. W, doctorante en sociologie

13. KOALA Adama, doctorant en lettres modernes

14. KONATÉ Essai, doctorant en histoire

15. MINOUNGOU Abdoul-Kader, doctorant en sociologie

16. OUEDRAOGO Boureima, doctorant en histoire 17.

OUIBGA Ibrahima, doctorant en histoire africaine

18. SAMA François, doctorant en philosophie

19. SANA Clauris, doctorant en sciences de l’information et de la communication

20. SANGLA Hamidou, doctorant en communication

21. SANOU Ibrahim, doctorant en histoire africaine

22. SAWADOGO Bee Nékre Wend-Yam Elody, doctorante en sociologie

23. SAWADOGO Casimir dit Peguedewindé, doctorant en sciences de l’information et de la communication

24. SAWADOGO Noufou, doctorant en histoire économique

25. SEDOGO André 1er jumeau, doctorant en histoire

26. SONDO Boukary, doctorant en histoire des relations internationales

27. SOURWEMA Issaka, doctorant en anthropologie

28. TAMBANGA Roger, doctorant en philosophie

29. TAMBOURA Issa, doctorant en sociologie

30. YAMBRESSINGA Guilga François de Paul, doctorant en histoire 31.

ZOUBGA Oumarou, doctorant en sociologie

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