Société

An 25 assassinat Norbert Zongo : « commémoration sur fond de menaces des libertés », Me Prosper Farama

Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) ont donné une conférence de presse ce 7 décembre 2023 à Ouagadougou. Il s’est agit de lancer les activités commémoratives du 25eme anniversaire des assassinats de Norbert Zongo et de ses compagnons de lutte.

Selon le porte-parole de la CCVC et du CODMPP Crysogone Zougmoré, la commémoration du 25ème anniversaire du drame de Sapouy intervient dans un contexte national marqué par l’approfondissement de la crise structurelle et multidimensionnelle que traverse le Burkina. « Notre pays continue de subir les affres d’une guerre civile réactionnaire et injuste qui dure depuis plus de huit ans maintenant, avec son lot de drames et de désolations multiples et multiformes.
Alors qu’elle constitue la condition sine qua-non pour une résilience populaire victorieuse contre les forces du mal, la cohésion nationale tant souhaitée se trouve sérieusement mise à rude épreuve »

Crysogone Zougmoré et ses camarades constate la détérioration du climat social à travers le développement de tendances négationnistes des règles et principes de l’Etat de droit. « Ces tendances sont caractérisées notamment par des restrictions drastiques des espaces de libertés, ainsi que la criminalisation systématique et le musellement de toute voix critique discordante sur la gouvernance des actuels tenants du pouvoir. La lutte contre le terrorisme ne saurait cependant expliquer, à fortiori justifier de telles Situations, qui ont fait la triste réputation de régimes d’exception d’antan, dont celui du Front populaire. », a-t-il confié.

A la suite de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 07 septembre 2023 s’opposant à l’extradition de François Compaoré, les conférenciers estiment que la seule perspective raisonnable qui s’offre à présent est celle du jugement par contumace qui pourrait être acté courant l’année 2024.

Au regard donc du contexte, les coordinations du Collectif et de la CCVC ont choisi de commémorer ce 25e anniversaire autour du thème suivant: « Pour le sacrifice suprême consenti pour les libertés, la défense des droits humains et la bonne gouvernance, poursuivons la lutte pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons ». A Ouagadougou, les activités suivantes ont été retenues pour cette journée du 13 décembre 2023 :

7 h : Rassemblement au cimetière de Gounghin pour le dépôt de gerbes de fleurs, le recueillement et l’hommage à Norbert Zongo et ses compagnons, aux martyrs de l’insurrection populaire et de la résistance au putsch et aux autres victimes;

9 h30 : Panel au Conseil Burkinabe des Chargeurs (CBC), sur le thème : « Respect des libertes et promotion de la bonne gouvernance comme facteurs de résilience dans le contexte actuel de crise sécuritaire ». Dans les autres localités du pays, différentes activités telles que des assemblées générales, des conférences publiques, des meetings et marches-meetings sont prévues.

Me Prosper Farma se prononce sur les questions de justice

La France a t-elle usée de son droit de faire un recours contre la décision rendu par la Cour européenne des droits de l’Homme ?

« A ce jour nous ne pouvons pas être formel mais à notre connaissance non. Dans ce dossier nous ne sommes pas parti prenante . C’est en coopération avec notre consoeur qui représente l’Etat burkinabè que nous avons les informations qui nous reviennent. Nous préférons lui laisser la latitude de donner l’information officiellement ».

Quelle est la situation des inculpés ?

« On ne peut pas vous le dire à l’instant “I”. Dans ce dossier je ne suis pas à mesure de vous donner la situation de vie d’un individu. Le jour du procès grâce à la vérification c’est possible. Dans la procédure avant le jugement on peut envoyer en prison des gens qui étaient en liberté. C’est à cet instant qu’on peut avoir l’effectif réel. »

-Peut-on confirmer que l’Etat n’as pas répondu aux sollicitations de la Cour européenne des Droits de l’homme sur la fourniture de garantie ?

« Je vais m’en tenir au contenu de la décision. Il est mentionné que l’un des moyens évoqués par la Cour, c’est qu’elle aurait sollicité auprès de l’Etat du Burkina Faso, que des garanties lui soient données par rapport à certaines situations et qu’elle n’aurait jamais reçu ces garanties. L’Etat n’a pas pu nous dire si il a répondu aux sollicitations de la Cour. Est ce que c’est l’unique élément qui a influé sur la décision de la Cour, ça je ne peux pas vous le dire ».

Est-ce qu’on s’approche du dénouement de cette affaire?

« On constate avec regret qu’il est très peu probable que Francois Compaoré puisse faire l’objet d’une extradition en considération des éléments juridiques que nous avons développés mais aussi des éléments politico-diplomatiques qu’il y a entre la France et le Burkina Faso. Il faut être objectif et ne pas se faire d’illusions.

-Le jugement par contumace va-t-il permettre la manifestation de la vérité ?

Il faut percevoir la question du jugement par contumace de deux manières. Quand on parle de vérité en matière de jugement, il y a vérité judiciaire, celle que les juges auront décidé. Si les juges vous condamnent c’est que vous êtes l’auteur de ce pour quoi on vous a condamné. Par contumace la vérité judiciaire sera effectivement dite. Si on veut la vérité factuelle il faut que toutes les parties prenantes comparaissent, donnent leurs versions, expliquent ce qui s’est passé et que chacun puisse se faire sa vérité au delà de la vérité judiciaire. Dans la procédure par contumace, il n’y a pas de débats, même les avocats n’interviennent pas sur l’aspect pénale. C’est presque quasi absolument sûre que la personne va être condamnée. Le principe est que lorsque vous êtes jugé par contumace c’est parce qu’il y a un élément qui fait que vous ne vous défendez pas ou vous refusez de vous défendre, si vous n’avez pas de défense c’est difficile qu’on ne vous condamne pas.

W. Harold Alex Kaboré

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