Société

25e anniversaire assassinat Norbert Zongo : du bronze pour l’immortaliser

Le 25e anniversaire de l’assassinat du Norbert Zongo a été commémoré ce 13 décembre 2023 à Ouagadougou. Un dépôt de gerbes de fleurs organisé au cimetière municipal de Gounghin et l’inauguration d’un buste en bronze au Centre de presse, ont constitué les temps forts de cette journée d’hommage.

13 décembre 1998 – 13 décembre 2023. Cela fait 25 ans jour pour jour que Norbert Zongo a été assassiné et et son corps brûlé à Sapouy avec ses compagnons d’infortune Blaise Ilboudo, Ernest Zongo et Abdoulaye Nikièma. Pour marquer cette date anniversaire, l’Association des journalistes du Burkina (AJB), la Coalition contre la vie chère, le Collectif des Organisations démocratiques de Masse et des Partis politiques (CODMPP), les journalistes et citoyens épris de paix et de justice, les parents de Norbert Zongo et de ses compagnons, les syndicats n’ont pas raté cette occasion de témoigner leur amour pour leur confrère, ami, parent qui a été tué parce qu’il a demandé vérité et justice pour David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, torturé à mort au conseil de l’Entente. Dès 7 h du matin, la tradition a, en effet, été respectée à travers un dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de celui qui avait emprunté le pseudonyme “Henry Sebgo”, au cimetière municipal de Gounghin.

De l’avis du président de l’Association des journalistes Burkinabé (AJB) Guézouma Sanogo, on assiste à 25 ans d’impunité et surtout de tergiversations judiciaires et politiques. «  Durant tout  ce temps, il y a eu des victoires d’étapes comme l’insurrection populaire d’octobre 2014, la résistance victorieuse au coup d’Etat de septembre 2015, les procès historiques tels les dossiers Thomas Sankara, Dabo Boukary, l’inculpation de François Comparé en tant que commanditaire de l’assassinat du journaliste, l’incarcération de présumés assassins du journaliste et ses compagnons. Et cela après bien de pirouettes et un non-lieu durant tout le règne des Compaoré », a-t-il confié.

En 2015, avec la réouverture du dossier, l’espoir d’une justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune s’est installé. Huit ans après, force est de constater que le chemin de la justice est toujours parsemé d’embuches. Le commanditaire présumé du crime, François Compaoré refuse de se soumettre à la justice, malgré le mandat d’arrêt délivré contre lui, a déploré le président de l’AJB, Guézouma Sanogo. « Pour cause, le 7 septembre 2023, la Cour européenne des droits de l’homme s’opposait à l’extradition de François Compaoré parce que le regime du MPSR 2 n’a pas réitéré les garanties d’une bonne justice au cas où le frère  de l’ancien président Blaise Compaoré serait extradé.

L’AJB à Norbert Zongo

« En ce moment, les journalistes, les défenseurs des droits humains, les démocrates et les patriotes sincères sont dans l’œil du cyclone du pouvoir du MPSR2. Des média étrangers et nationaux ont été suspendus, pire fermés. Des journalistes étrangers sont expulsés. Des journalistes, des défenseurs des droits humains, des activistes sont réquisitionnés pour le front. Leurs relais, des activistes de la société civile et des réseaux sociaux, des analystes en tous genres, des experts et des intellectuels, se font les apôtres de la diabolisation des médias et des journalistes. La haine contre les médias et les journalistes est telle que certains vont jusqu’à appeler à les guillotiner sur la place publique.

Dans le sillage du Mouvement du peuple pour le progrès, les pouvoirs successifs du MPSR taillent des lois pour régenter les libertés et les médias. La dernière loi en date, c’est la loi organique portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la Communication. En vertu de cette loi, le Président du Faso nomme le Président du CSC, le Président du CSC dispose de pouvoirs exceptionnels. De même, les agents du CSC ont qualité d’Officiers de police judiciaire.

Les temps sont pour ainsi dire, durs pour les patriotes sincères, ceux qui de tout temps ont toujours dénoncé la corruption, érigée en système de gouvernance, la gabegie et le clientélisme politiques et l’impunité des crimes économiques et de sang. Les temps sont réellement durs pour ceux qui depuis huit ans ne cessent de dénoncer les exécutions extra-judiciaires, les escadrons de la mort, les violations massives de droits humains ».

Immortel Norbert Zongo

La suite de la commémoration du 25e anniversaire de la mort de Norbert Zongo a été marquée par l’inauguration d’une œuvre en bronze qui a été forgée pour rendre hommage au fondateur de l’Indépendant. Le buste trône a l’entrée du centre de presse Norbert Zongo, sis à Goughin. L’initiative est né de Semfilms, la Ligue pour la défense de la Presse et centre de presse Norbert Zongo.

L’œuvre qui a été moulée  par le célèbre sculpteur Ki Siriki n’est pas encore achevée.  Le support du buste en bronze repose provisoirement sur un socle en bois en attendant qu’une structure en béton soit construite.

La soeur de Norbert Zongo, Georgette Nikièma, a salué l’initiative  qui honore la mémoire de l’illustre journaliste. « depuis 25 ans vous vous êtes mobilisé jour et nuit pour que justice soit rendu pour Norbert Zongo. L’œuvre qui a été inaugurée est le symbole de la persévérance. Puisse Dieu combler le vide que notre frère à laissé.  Merci pour tout ce que vous réalisez pour la famille et le peuple du Burkina Faso tout entier », a-t-elle conclu.

                                W. Harold Alex Kaboré


Message de Centre national de presse Norbert Zongo

*Plus le temps passe, Plus Norbert nous parle !* 

Norbert, ce jour 13 Décembre 2023, ton souvenir est encore vivace. 25 ans, l’âge d’une génération, tu es parti depuis lors pour ne plus jamais avoir à nous quitter.

Plus le temps passe, plus tu t’affirmes dans le panthéon des immortels.

Plus le temps passe, plus les Burkinabè se revendiquent de toi. Plus le temps passe, plus le Burkina te réclame. Plus le temps passe, plus on découvre l’étendue et la profondeur de ton œuvre. Plus le temps passe, plus des assassins, les commanditaires et les complices sont ridicules.

Plus le temps passe, plus ils sont couverts de honte. Plus le temps passe, plus ils sont rongés par leur propre haine. Plus le temps passe, plus ils sont rejetés. Plus le temps passe, plus ils sont hantés par les petits tribunaux des Hommes.

Mais plus le temps passe, plus ils sont condamnés par le tribunal de l’Histoire, condamnés par le tribunal de la conscience, ils sont condamnés par le tribunal divin.

Plus le temps passe, plus ils ont tort dans toutes leurs grandes gesticulations et plus tu as raison dans ton silence moqueur. Plus le temps passe, plus eu ils passent.

Plus le temps passe, plus ils s’effacent. Plus le temps passe, plus ils meurent à petit feu. Plus le temps passe, plus ta prophétie se réalise. Plus le temps passe, plus ça murmure, puis ça bruisse, puis ça chante, ça s’exclame, ça clame et ça vocifère « Norbert Zongo avait raison ».

Eh oui Norbert avait raison !

Plus le temps passe, plus on réalise qu’« Il n’y aura jamais d’avenir pour personne dans un pays qui n’en a pas ». Plus le temps passe, plus on réalise que « le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien ».

 Plus le temps passe, on réalise …..

*que chacun rajoute en commentaire une citation de Norbert Zongo* 

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