Législatives et régionales au Togo : Veillée d’armes électorale
4,2 millions de Togolais sont appelés aux urnes ce lundi 29 avril 2024 pour élire leurs 113 députés et leurs 179 conseillers régionaux au cours dun scrutin couplé qui prend des allures de référendum constitutionnel après la modification de la loi fondamentale intervenue une dizaine de jours avant l’échéance.
Après deux semaines de joutes, la campagne électorale pour les législatives et les régionales du lundi 29 avril, ouverte le 13 avril dernier, sest refermée le samedi 27. Hasard, du calendrier, cette date coïncidait avec le 64è anniversaire de l’indépendance du pays, commémoré sobrement par une prise d’armes et un défilé.
Les candidats et partis en compétition ont ainsi profité de cette dernière journée pour mettre les bouchées doubles et vendre au mieux leur produit. C’est le cas notamment de l’ Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre ou de la DMP, la Dynamique pour la majorité du peuple (ex Dynamique Monseigneur Kpodzro) de Brigitte Adjamagbo-Johnson, la nouvelle passionaria de l’opposition togolaise.
Fait notable donc, la participation de la frange la plus représentative de l’opposition même si elle na eu de cesse, durant ces deux semaines, et même bien avant, de dénoncer ce quelle considère être une mauvaise organisation . « Le problème au Togo, ce ne sont pas tellement les élections mais la préservation du vote des citoyens », nous a ainsi confié, suspicieux , le président de lANC qui estime cependant que malgré les insuffisances liées au fichier et au découpage électoral entre autres griefs , il fallait participer et ne pas boycotter comme en 2018.
Rationaliser les cycles électoraux.
Du côté de l’Union pour la république (UNIR) , on affiche une sérénité certaine quant à la victoire qui ne serait qu’une « simple formalité à remplir lundi » . Cette conviction a été réaffirmée samedi en fin de journée par la vice-présidente de lAssemblée nationale, Mémounata Ibrahima au cours du meeting de clôture sur le terrain du lycée dAgoè-Nyivé 1 . « Le pigeon blanc dans un ciel bleu » , le logo de la formation, sûr de son envergure, entend donc survoler la compétition électorale Et Gilbert Bawara, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social de renchérir : « elle sera belle et incontestable notre victoire ». Avant de prévenir ceux qui seraient tentés de la contester. « Nous prendrons toutes les mesures qui simposent, dans le respect de la loi, pour que personne ne vienne salir notre victoire », prévient-il. Puis de revenir en long et en large sur la révision constitutionnelle intervenue en pleine campagne, qui introduit un régime parlementaire avec un président du conseil des ministres exerçant la réalité du pouvoir et un président réduit à inaugurer les chrysanthèmes. Une modification que les opposants nont eu de cesse de critiquer durant la campagne, y voyant une façon de remettre à zéro le compteur du chef de lEtat, Faure Essozimna Gnassingbé, président de lUNIR, qui deviendrait automatiquement PCM en cas de victoire . Mais pour Bawara, ce new deal politique procède plutôt dune volonté « de rééquilibrer les pouvoirs pour mieux associer les populations tout en rationalisant les cycles électoraux, en réduisant les coûts des scrutins et en faisant des économies ». Et dajouter : « si nous lavons fait avant les élections, cest pour que les électeurs, les partis et les candidats connaissent les nouvelles règles du jeu, que chacun mesure à lavance la portée et les conséquences de son vote pour le faire en toute responsabilité et en connaissance de cause »
Autant dire que derrière les législatives et les régionales, c’est presque un référendum constitutionnel pour ou contre la nouvelle loi fondamentale qui se tient aujourdhui à l’issue dune campagne qui sest déroulée, grosso modo, « dans le calme et la sérénité » pour reprendre une expression consacrée.
Ousséni Ilboudo à Lomé