An5 de l’assassinat de Fahadou Cissé et de Hama Balima : trois organisations de la société civile appellent à faire la lumière sur ce crime la justice
Ceci est une déclaration de l’ODJ, du MBDHP et du CISC relative à la commémoration du 5e anniversaire de l’assassinat de Fahadou Cissé et de Hama Balima.
Le 31 mai 2019, alors qu’ils se rendaient à une audience avec les autorités de la province du Yagha dirigée par son Haut-Commissaire Adama Conseiga, CISSE Fahadou – alors président de la section du Yagha et responsable adjoint à l’organisation du BEN de l’ODJ – et BALIMA Hama, ex-trésorier de la section ODJ de la province, sont assassinés de façon crapuleuse et lâche à quelques encablures du chef-lieu, Sebba.
Voilà cinq ans que leurs familles, leurs camarades de l’Organisation Démocratique de la Jeunesse du Burkina (ODJ), les démocrates et patriotes sincères de notre pays se battent pour que justice leur soit rendue. Hélas, en dehors du seul examen scanographique des corps, aucun acte n’a été posé par la justice militaire dans le sens de la manifestation de la vérité pour « ces héros de la Nation », depuis le régime de Rock Marc Christian KABORE et son MPP au Capitaine Ibrahim TRAORE du MPSR2 en passant par celui du Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Chaque année, l’ODJ, en collaboration avec d’autres organisations comme le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) et le Mouvement burkinabé des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) commémorent ensemble ce triste anniversaire par une activité commune.
Le 5e anniversaire se tient cette année dans un contexte national particulièrement trouble et difficile pour les populations des villes et campagnes et particulièrement pour la jeunesse populaire. En effet, le contexte se caractérise par une guerre civile réactionnaire qui a créé une crise exacerbée au quadruple plan politique, sécuritaire, humanitaire et socio-économique.
Au plan politique, il n’y a que le MPSR 2 et ses thuriféraires qui parlent et comprennent ce qu’ils disent. Le reste des populations est sous la férule humiliante d’enlèvements, de séquestrations, de déportations au front et d’embrigadements des libertés démocratiques chèrement acquises.
Au plan sécuritaire, de l’aveu même des autorités, 35 pour cent du territoire échappe au contrôle de l’armée. Pendant ce temps, les groupes armés terroristes font la loi dans les territoires qu’ils occupent, imposent des blocus aux populations et leur font payer des taxes allant de 50 000F CFA à 120 000FcfA pour rester en vie. C’est ce que vivent les populations dans les parties sud et nord de la région de l’Est.
Dans les zones contrôlées par nos FDS et pour la première fois dans l’histoire de notre pays, des massacres de villages entiers ont été enregistrés à Karma, Zaongo, Thiou, Soalmou, Gatougou, Djambiga, etc. sans que les enquêtes promises n’aient pu identifier les responsables. Les survivants de Karma et de Zaongo par exemple pointent du doigt nos propres forces de défense et de sécurité.
Au plan humanitaire, le nombre de PDI continue de grossir même si délibérément les services étatiques n’en font plus le décompte depuis 2023. Le dernier chiffre de mars 2023 faisait état de plus de deux millions de PDI qui vivent dans des conditions effroyables ne pouvant compter que sur l’aide humanitaire.
Sur le plan socioéconomique, les nombreuses taxes sur le carburant et les autres produits de grande consommation ont fini de grever le pouvoir d’achat des populations dont les sources d’accès aux ressources financières se rétrécissent de jour en jour. C’est ainsi qu’au nom de l’effort de guerre des taxes ont été instituées sur les boissons gazeuses, les communications téléphoniques, les connexions à internet etc.
Pendant ce temps, dédaignant les discours mielleux des autorités, le chômage qui frappe la jeunesse affiche une mine radieuse.
Face à la situation, les populations et particulièrement la jeunesse progressiste et révolutionnaire, loin de se résigner s’organisent et luttent pour de meilleures conditions de vie. Ce fut ainsi à Kompienga, à Diapaga, à Ouargaye, à Ouahigouya, etc.
Dans ces localités sous menaces sécuritaires, les populations bravent des risques pour porter leurs préoccupations à la connaissance de l’autorité à travers différentes manifestations.
C’est la preuve que notre peuple sait dire non quand il le faut. Il a accumulé dans son capital d’expérience de ces dix dernières années une insurrection populaire et une résistance à un coup d’Etat fasciste.
C’est pourquoi nous invitons le gouvernement une fois de plus à :
- Prendre les dispositions pour l’autopsie des corps des camarades CISSE Fahadou et BALIMA Hama qui sont à la morgue du CHU Bogodogo,
- Mettre en œuvre toutes les diligences pour un traitement sérieux et prompt du dossier judicaire des deux camarades et de tous les autres dossiers d’assassinats ciblés ou de masse commis au nom de la lutte contre le terrorisme ;
- Faire toute la lumière sur tous les massacres de villages enregistrés récemment,
- respecter les libertés individuelles et collectives au Burkina Faso.
En tout état de cause, nous réaffirmons notre ferme engagement et notre détermination à tout donner pour que tous ceux qui sont concernés par l’assassinat de nos camarades (auteurs, commanditaires et complices) répondent, tôt ou tard, de leur forfaiture.
Pour terminer, nous réitérons notre appel à l’ensemble des organisations et citoyens épris de paix et qui se sentent concernés par le devenir de nos populations à créer avec nous un large front pour exiger :
- la vérité et la justice pour CISSE Fahadou et BALIMA Hama, les tueries de Yirgou, Kain, Banh, Tanwalbougou, etc. et toutes les victimes d’actes barbares sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, et sanction de leurs auteurs et commanditaires ;
- l’arrêt des massacres de villages, des assassinats ciblés et de masse, des arrestations arbitraires, des enlèvements, des réquisitions punitives de citoyens et des disparitions forcées ainsi que le démantèlement des escadrons de la mort qui écument notre territoire ;
- la défense du pouvoir d’achat, l’amélioration des conditions de vie des PDIs et des populations en général;
- la garantie du droit à la sécurité, à l’intégrité et des libertés démocratiques et politiques.
Vérité et justice pour Cissé Fahadou et Balima Hama ainsi que pour tous les cas d’assassinats ciblés et de masse !
En avant pour la défense ferme des libertés individuelles et collectives !
Ouagadougou le 31 mai 2024