Société

Education au Burkina Faso : « Halte à la scolarisation précoce… »

Chers enseignants, chers parents d’élèves, la scolarisation précoce est toujours flatteuse en dépit des succès apparents que l’on obtient parfois et son prestige n’est que superficiel et trompeur mais que faut-il entendre par scolarisation précoce ? La psychologie de l’enfant (née au 18è siècle) et la règlementation juridique en vigueur fixe l’âge d’entrée en cours d’initiation (CP1) à six (6) ans au minimum. Dans la pratique nous recrutons les enfants âgés de six à huit ans en donnant la priorité à ceux de huit ans, sept ans et enfin six ans. Inscrire un enfant qui n’a pas six ans au CP1 c’est faire de la scolarisation précoce. Pour inscrire un enfant de moins de 6 ans au CP1 il faut d’abord lui faire subir un test d’intelligence par un psychologue scolaire qui pourra décider de son inscription ou non. Procéder autrement c’est mettre le présent et l’avenir de l’enfant en danger..Pourquoi devons-nous éviter la scolarisation précoce ?

a) Respectons la logique des choses. “Saag niida yaare, la koom zoeta neng-neng.” “L’eau de pluie tombe partout mais elle coule par endroits.” C’est pour dire que dans la nature et dans la société tout est organisé selon une logique implacable. Voici la scolarisation normale d’un enfant.

– Trois ans : petite section

 –  Quatre ans : moyenne section

– – Cinq ans : grande section 

– Six ans : CP1

Pour un enfant qui n’est pas passé par le préscolaire (la maternelle), son cursus normal est le suivant : 

– Trois ans : à la maison

– Quatre ans : à la maison 

– Cinq ans : à la maison

– Six ans : à la maison

– Sept ans : CP1 

L’éducation scolaire n’est pas une course de vitesse mais une ourse de fond et le célèbre Rousseau l’a si bien souligné : “laissez mûrir l’enfance dans les enfants.”  Chaque âge correspond à un niveau intellectuel et il faut en tenir compte dans l’inscription des enfants à l’école. Un principe pédagogique dit ceci : “quand on instruit un enfant on ne cherche pas à gagner du temps, on cherche à gagner l’enfant.” Dans ce sens, le biologiste et philosophe Jean Rostand écrit : “les sollicitations des parents et des maîtres ne sauraient avancer d’une journée le sourd et lent travail de la maturation.” Voyons quelques inconvénients de la scolarisation précoce.

– Une formation déséquilibrée de la personnalité enfantine. A 4 et 5 ans. L’enfant n’a pas encore fini de jouer, il est à un stade de son développement intellectuel qui ne lui permet pas d’apprendre à lire, à écrire et à calculer. Le forcer mettre à l’école c’est l’amener à sauter une étape de son développement affectif et psychique et cela crée un manque à gagner dans la formation de sa personnalité. Tout manque à gagner revient à l’âge adulte sous forme de fixation ou de régression.

– Un blocage intellectuel au cours de sa scolarité. Selon une étude menée par des psychologues, l’enfant scolarisé de façon précoce, même s’il brille au début il risque d’être bloqué au CE, en 4è ou en terminale.

– L’apparence des alternances. Fonctionnelles. Clarifions ce concept à partir d’un exemple : un enfant qui fait quatre pattes se met à marcher mais au bout d’un certain temps il revient en arrière et se déplace à nouveau à quatre pattes. Le même phénomène existe au niveau intellectuel : un enfant  de 5 ans peut manifester l’intelligence d’un enfant de 7 ans alors que c’est temporaire . Cela a pour inconvénient d’amener les parents et les maîtres à croire.à tort que l’enfant est bon dans sa classe.

-La prééminence de l’oralité au cours préparatoire est trompeuse. Un enfant de 4 ou 5 ans qui parle déja le français peut avoir de bonnes ‘notes au CP alors que son esprit n’est pas mûr pour cette classe. Le réveil des parents pressés sera douloureux à partir du CE1 où l’écrit commence à dominer l’oralité.

– Le danger du dédoublement de la personnalité enfantine. Un enfant de moins de six ans est toujours très attaché à sa famille : mère, père, fratrie. L’amener à l’école c’est lui imposer un sevrage affectif précoce et insupportable pour lui. A l’école la peur peut l’amener à se montrer discipliné et calme alors qu’il a constamment envie de jouer. Il devient alors écolier à l’école et enfant hors de l’école. Ce double comportement lui inculque l’hypocrisie, la sournoiserie et la duplicité(mauvaise foi) et cela peut se ressentir à l’âge adulte. L’analyse du théme est loin d’être exhaustive.

  1er septembre 2024

Saguin Logtoré Paul Patarbè Dawad AHAYAH – Technicien de l’éducation

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