Décès archevêque de Lomé: l’hommage de Filippe Savadogo à Mgr Barrigah-Benissan
Ceci est un hommage de l’ambassadeur Filippe Savadogo à Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, archevêque de Lomé, ancien président de la Commission Vérité, Justice et réconciliation, Docteur en droit canon et diplomate
Chanter c’est prier deux fois, le violon d’Ingres de Mgr Nicodème Barrigah-Benissan était la musique et les chansons qu’il composait avec dextérité et soin, qui faisaient l’admiration de tous; nous retiendrons également l’une de ses dernières homélies qui avait suscité un enthousiasme contagieux, tant par sa profondeur spirituelle intrinsèque que par sa puissance émotionnelle: Celle-ci avait ému tous les fidèles au-delà du Togo, et était parvenue à sa ville natale, Ouagadougou, où il naquit en 1963 dans une famille catholique pieuse, qui retourna s’installer par la suite au Togo, son pays. Cela suffisait pour que l’illustre disparu füt adopté par le pays des hommes intègres, qu’il aimait tant visiter et où il rencontrait ses amis du clergé, aussi bien que des laïcs qui avaient tissé d’excellentes relations avec lui.
Sa disparition subite et inattendue pour les amis du Burkina Faso, s’est traduite par une onde de choc, qui se propage encore, tant il a marqué les esprits. Notre proximité avec Mgr Nicodème Barrigah-Benissan est née à la suite du Symposium international de Cotonou sur le dialogue des cultures et des religions pour une éducation à la paix et au développement, initié par le professeur Albert TEVEODJERE.
En cette année d’octobre 2015, plusieurs leaders religieux, d’hommes de culture, de gouvernants et personnes ressources, ont convergé vers Cotonou pour s’imprégner de la vision de la culture de la paix, chère à beaucoup d’Africains qui pensent qu’à défaut de placer un soldat derrière chaque individu, il conviendrait mieux de cultiver la paix et le dialogue.
Ce point de vue est également partagé par l’UNESCO, l’ICESCO et plusieurs autres organisations qui ont pris l’engagement d’œuvrer ensemble pour tenforcer les principes fondateurs de la culture de la paix dans le monde. En Mars 2017 se tenait à Ouagadougou le Symposium sur le dialogue des cultures et des religions qui allait donner lieu à la création de l’Association Dialogue Sans Frontières (DSF), que je co-préside avec M. Victor Lazare Ki- Zerbo.
La présence de Mgr Nicodème Barrigah-Benissan à Ouagadougou fut d’un soutien incommensurable pour cette initiative. Lors de son intervention au symposium, Mgr Barrigah, qui fut le président de la Commission Vérité, justice et réconciliation créée en 2009 au Togo, expliquait qu’une justice transitionnelle repose sur l’idée qu’une réconciliation ne finit pas en une année. Il est un long processus qui doit permettre de suivre les recommandations formulées. Les responsables religieux doivent changer leur regard sur les pratiques des uns et des autres, afin de donner au dialogue toute son importance». La première mission de travail du comité panafricain fut de nous rendre en juin 2017 à Rome, avec plusieurs représentants de diverses religions (musulmans, chrétiens, vodou…) pour soutenir Mgr Jean ZERBO, fait Cardinal de Bamako par le pape François. L’accueil du comité panafricain fut assuré avec maestria au Vatican par Mgr Nicodème Barrigah-Benissan.
Fin diplomate, son accompagnement nous a permis d’effectuer des audiences et d’assister au consistoire en présence de tous les cardinaux du monde. Nous découvrimes les valeurs multidimensionnelles du grand prélat humaniste qu’il fut et qui se révéla d’année en année au grand jour. Sa mémoire et son souvenir resteront notre boussole afin de poursuivre le dialogue des religions et des cultures pour une éducation à la paix et au développement. Que son âme repose en paix.
Amb.Filippe SAVADOGO