Mort de sept personnes à Tanwalbougou : les faits selon le Cheick Amadou Bandé
Le 29 juin dernier, sept personnes ont trouvé la mort à Boumoana, suite à une opération militaire. Une enquête a été ouverte à l’inspection générale des armées pour faire la lumière sur les circonstances de leur disparition. Le 24 juillet 2020, soit un peu plus de trois semaines après, le cheikh de Tanwalbougou, Amadou Bandé a donné une conférence de presse à son domicile, à Ouagadougou. La rencontre entre les journalistes et celui qui dit être victime de calomnie dans cette affaire a été marquée par un seul acte, une déclaration dans laquelle le leader religieux livre sa « lecture des événements ».
C’est sous l’auvent de sa villa sis à Bendogo que le Cheick de Tanwalbougou a convié la presse pour se prononcer sur les récents évènements de Boumoana. Deux tables dressées, un fauteuil et quelques chaises autour, le cadre est tout trouvé pour une demi-heure de rencontre avec la presse, invitée à seulement écouter une déclaration du cheick. Elle a été lue par son porte-parole, Nourou Dicko. Elle commence par une présentation du cheik : « Je suis Amadou, fils de Boubakari, petit-fils de Barke, arrière-petit-fils d’Ousmane, arrière arrière-petit-fils de Bandé, tous des Burkinabè…. »
Par la voix de son porte-parole, Nourou Dicko, le cheickh Bandé revient sur les événements du 29 juin
La déclaration, rédigée à la première personne du singulier explique par la suite que le cheikh a tenu à rompre le silence que lui imposent ses lourdes charges de guide religieux afin de s’exprimer sur le « drame humain » que vivent les habitants de Tanwalbougou, et « singulièrement sur les événements du 29 juin » . Sur ce dernier point il se refuse à aborder le volet judiciaire, une enquête étant ouverte. Que s’est-il passé à la date fatidique du 29 juin ? S’est-il interrogé dans la déclaration. Selon ce guide religieux de la confrérie Tidjania, son quartier a reçu ce jour-là une visite surprise des Forces de défense et de sécurité qui ont procédé à des fouilles des maisons avant d’embarquer douze personnes « mano militari ».
« Je ne suis ni terroriste ni complice des terroristes »
Au lendemain de cet enlèvement, il apprendra que cinq des douze sont abandonnés « en piteux état » vers Matiacoali. Ces derniers annonceront la triste nouvelle de ce que les sept autres ne sont plus en vie. Ce drame a entraîné le déplacement de plus de 500 personnes, selon la déclaration. Le leader religieux de 68 ans y a rappelé qu’à la mi-mars 2019, son domicile à Fada a fait l’objet de fouilles. Ses portes ont été forcées à cette occasion. « Sans que rien de suspect n’ait été trouvé », lui et 24 autres personnes avaient été interpellés puis relâchés quelques heures après, précise la déclaration. Pourtant, poursuit le cheikh Amadou Bandé dans son liminaire : « Je ne suis ni terroriste ni complice des terroristes, ni un bras financier du terrorisme. Je rejette toute forme d’extrémisme violent ». Celui qui se réjoui de faire partie de ceux qui ont mené des démarches pour qu’un poste de gendarmerie soit implanté à Tanwalbougou déclare que ceux qui l’associe aux actes terroristes « sont soit induits en erreur ou de mauvaise foi ».
Poursuivant sa ‘’confession’’ dans la déclaration, le natif de Dipienga (dans la province de la Gnagnan) a fait savoir que le tombeau de son maître spirituel a été profané et de s’interroger: « qui peut collaborer avec quelqu’un qui a profané la tombe de votre père ? »
Bernard Kaboré