Adhésion de Léonce Koné au CDP : la version du principal concerné
En réaction à une émission télévisée au cours de laquelle son nom a été cité, Léonce Koné, celui-là même qui a rejoint le camp de Kadré Désiré Ouédraogo (KDO), a réagi dans l’écrit ci-dessous, le 26 juillet 2020. L’homme politique estime que Mélégué Traoré a dit des contre-vérités sur ce qui concerne son adhésion au CDP.
” Je viens de visionner une interview télévisée de Mélégué Traore sur BF1, diffusée la semaine dernière. Des amis me l’ont transmise parce qu’il a mentionné mon nom dans cet entretien en tenant des propos que je tiens à démentir parce que tout simplement ils sont contraires à la vérité sur des points factuels.
Mélégué Traore prétend qu’il aurait en quelque sorte parrainé mon adhésion au CDP parce que lorsque j’ai souhaité adhérer à ce parti c’est vers lui que je me serais tourné pour connaître la procédure à suivre. Ce sont des balivernes. Même si à mon avis le cheminement de mon entrée au CDP ne revêt pas une grande importance, ni dans ma vie personnelle, ni dans celle du parti. Pour rétablir l’exactitude des faits, mon premier contact avec le CDP a eu lieu à l’initiative de mon regretté frère Ludovic Tou en 2005, à l’ouverture de la campagne pour l’élection présidentielle. Ludovic Tou qui était à l’époque Ministre du Travail et Directeur de la campagne de Blaise Compaoré pour la région des Cascades m’a demandé de faire partie de l’équipe qu’il était en train de mettre en place , pour y occuper, à ses côtés, une position de conseiller dont je ne savais pas trop quel était le contenu. J’ai cru comprendre qu’il me faisait cette proposition à la suite d’entretiens qu’il avait eus avec le Président Blaise Compaoré, avec qui il m’était arrivé d’avoir des conversations hâtives sur la situation politique du pays.
J’ai accepté l’offre de Ludovic Tou, ce qui m’a conduit à organiser, dans mon village de Tengrela, un meeting pour cette campagne qui connut un certain succès et auquel je crois me souvenir que Mélégué Traore a assisté, en même temps que plusieurs autres responsables locaux du CDP. Après, les choses se sont enchaînées jusqu’à ma cooptation dans les instances dirigeantes du CDP, sans que j’aie eu besoin, à aucun moment, de recourir à un quelconque parrainage de Mélégué Traoré, bien que nos rapports fussent cordiaux, comme il se doit pour des membres d’un parti ressortissants de la même région. Voilà tout.
Quant aux appréciations condescendantes de Mélégué Traore sur (l’inexistence de) mon influence politique dans la région, je n’y accorde pas beaucoup d’importance. C’est devant les électeurs à l’occasion des scrutins que se mesure le poids politique des uns et des autres. Ce ne sont pas les péroraisons pleines de suffisance dans les médias de Ouagadougou qui en décident. À ma connaissance, Mélégué Traore et moi ne sommes pas directement concurrents dans une prochaine compétition politique. Donc nous ne saurons pas ce qu’il en est de nos poids politiques relatifs dans les Cascades. Et c’est d’ailleurs le cadet de mes soucis, car le but de mon engagement politique n’est certainement pas de me mesurer à Mélégué Traoré. Ce serait là une bien piètre ambition.
Aux élections législatives de 2012, alors que j’étais Directeur de la campagne du CDP pour notre région des Cascades, j’ai eu le privilège de compter dans les rangs de mon équipe un personnage fulgurant de l’envergure historique de Mélégué Traore, qui était le responsable de la campagne pour la province de la Léraba. C’était un atout indéniable. Je le dis cette fois sans ironie. Je ne veux pas tirer de conséquence vexante de nos positionnements respectifs, mais il faut croire que pour la direction du CDP à l’époque le premier responsable de l’action du parti dans les Cascades n’était pas celui qui se pare aujourd’hui de ces atours dans mon ancien parti. Je suppose que ma prééminence dans cette circonstance était purement fortuite, ou peut-être le résultat d’un choix arbitraire ? Il est probable qu’elle n’avait rien à voir avec mon poids politique dans la région. Ou peut-être la direction du parti avait-elle fait le choix insolite de placer au-devant de cette lutte électorale un personnage insignifiant, secondé par un démiurge de la politique locale ? Quoiqu’il en soit, nous avons bien travaillé ensemble à cette époque, puisque nous avons tous deux été élus députés à l’issue de ce scrutin, moi dans la Comoé et lui dans la Léraba.
L’année suivante, lors d’une réunion des membres du CDP de la région des Cascades que je présidais à Banfora, plusieurs participants de la province de la Leraba s’en sont pris violemment à Mélégué Traore, en sa présence, lui reprochant de supposées intrigues et un manque de concertation. Je me souviens avoir interrompu ce flot de propos discourtois, en invitant fermement les orateurs concernés à présenter leurs excuses à Mélégue Traore par égard pour son âge, pour ses fonctions passées, pour sa position dans le parti et simplement par décence. Ce à quoi ils obtempérèrent l’un après l’autre, avant que les discussions se poursuivent sur un ton plus mesuré. Car c’est ainsi, dans le respect mutuel, que je considère que doivent se dérouler les échanges en politique, surtout lorsqu’ils ont lieu entre des personnes qui appartiennent à la même formation, comme c’était notre cas à l’époque. Encore plus lorsqu’elles revendiquent l’appellation mutuelle de frères de la même région et portent la responsabilité de donner une certaine tenue au débat politique.
Je retiens que les propos incongrus que tient Mélégué Traoré aujourd’hui s’expliquent certainement par le fait que lui et moi avons opéré des choix différents pour la prochaine élection présidentielle. Cela ne justifie pas pas la médisance et le mensonge. En novembre prochain les électeurs décideront et il n’est pas nécessaire de polluer la campagne par des actes et des paroles qui rendront difficile toute collaboration électorale future. À moins que cette éventualité soit écartée d’ores et déjà par certains.
Avec le même aplomb, Mélégué Traoré déclare dans cette interview que Salia Sanou ne pèse plus grand chose dans sa province du Houet, laissant supposer que lui-même en revanche serait au faite de sa popularité dans la Léraba. Ce qui reste largement à démontrer. Est-il raisonnable pour un responsable politique de se montrer aussi imbu de soi-même et de faire des affirmations aussi péremptoires en restant juste assis sur ses fausses certitudes ? Certes, l’insurrection de 2014 et ses suites ont rebattu les cartes politiques pour toute l’ancienne classe dirigeante du CDP. Mais s’il est un leader politique qui est resté constamment actif dans sa zone, sous l’adversité, malgré les violences qu’il a subies, contribuant, avec d’autres, à maintenir le CDP vivant dans le toute la région des Hauts-Bassins, c’est bien Salia Sanou. Certes, il n’est plus le flamboyant maire de Bobo-Dioulasso, sa résidence a été incendiée, il a connu les affres de l’incarcération. Cette avalanche de déboires anéantirait plus d’un. Dans le cas de Salia Sanou, ces épreuves l’ont fortifié et affermi le respect et l’estime des populations du Houet à son égard. Pour tout cela je m’honore de son amitié. Lui et moi partageons les mêmes options politiques dans le contexte actuel. Et je suis fier du dynamisme qu’il a su insuffler à une jeune équipe qui est omniprésente et active sur tout le territoire du Houet. Là aussi la vérité des urnes désignera la place de chacun dans cette province. Les rodomontades médiatiques ne seront d’aucune utilité à ce moment crucial.
Pour finir, le privilège de l’âge m’autorise à donner un conseil fraternel à mon « jeune» frère Mélégué Traoré : Tu as occupé dans notre pays des fonctions éminentes qui suffisent à t’assurer le respect de tous, y compris le mien, pour peu que tu t’en montres digne. Ne gâche pas cet avantage en continuant à proférer des vantardises inutiles et des affabulations éhontées. J’ai en horreur les disputes publiques entre « frères » de notre région, surtout lorsqu’elles portent sur des sujets futiles. Mais je ne laisse pas sans réponse les attaques gratuites qui me sont faites, surtout quand elles sont injustifiées et totalement ineptes “.
Léonce Koné