Election présidentielle en Guinée : Un piège à C… comme candidats
Au fur et à mesure que la date de l’élection présidentielle, 18 octobre 2020, se profile à l’horizon, les suspenses tombent les uns après les autres à Conakry.
Le 3 septembre dernier, c’est le président Alpha Condé qui a fait tomber le faux suspense qu’il entretenait sur l’éventualité de sa candidature à ce scrutin. Ce jour-là, escorté par une bruyante foule de militants de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), l’octogénaire président sortant est allé déposer sa candidature à la Cour constitutionnelle.
5 jours plus tard, soit le 8 septembre, c’est le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, qui enfonçait le clou des mésententes au sein du Front national de défense de la Constitution (FNDC) en allant déposer lui-aussi son dossier de candidature au scrutin du 18 octobre.
Ce faisant, Ceillou Dalen Diallo était, à la mi-journée de ce 8 septembre, le 8e postulant à la magistrature suprême à se mettre dans les starting blocks, à moins de 10 heures de la clôture de la liste des candidats. Qui viendra s’ajouter à ces 8 prétendants ? Ou qui parmi les 8 candidats déjà déclarés se désistera ? On attend de voir non sans faire remarquer que cette élection est un véritable piège à con pour l’opposition guinéenne.
C’est connu, regroupée dans le FNDC, elle a été vent debout contre la révision de la Constitution qui a ouvert la voie à un 3e mandat pour le président sortant. Malgré la dizaine de morts que firent leurs manifestations de rue, la nouvelle loi fondamentale est passée au référendum du 22 mars 2020, avec plus de 89% des suffrages exprimés pour un taux de participation de plus de 58%. Un résultat aux allures d’une première défaite pour Cellou Dalein Diallo et ses alliés. Comme pour prendre leur revanche, ils décidèrent du boycott du scrutin présidentiel, si le président sortant se représentait.
Avec la décision de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) d’aligner son champion, Ceillou Dalen Diallo, au départ de la course au fauteuil présidentiel, c’est une deuxième défaite que subie l’opposition guinéenne : la défaite de la désunion, du manque de cohérence dans la stratégie politique. Ainsi, la joie des militants de l’UFDG au dépôt du dossier de candidature de Ceillou Dalen Diallo contraste avec la grise mine des militants des autres partis de l’opposition qui parlent de trahison de la part du chef de file de l’opposition.
Certes, la décision de Cellou Dalein Diallo de prendre part à cette élection évite à l’opposition guinéenne le piège de la politique de la chaise vide. Elle n’a jamais payé nulle part, car les absents ont toujours tort. Mais pour sûr, Cellou Dalein Diallo ne convainc pas grand monde, y compris parmi ses anciens alliés, quand il déclare qu’il faut battre Alpha Condé par les urnes. De là à dire qu’il court vers une 3e défaite, il y a un petit pas vite franchi. 3e défaite à titre personnel à une élection présidentielle et 3e défaite de toute l’opposition guinéenne : celle d’avoir échoué à délégitimer et la candidature d’Alpha Condé et sa probable réélection. Car, on voit mal le RPG et le président sortant, se donner le mal qui a été le leur pour reformer la Constitution, le code électoral pour, au finish, organiser une élection présidentielle qu’ils vont perdre. Tout a priori de tripatouillage des résultats du scrutin mis de côté, la victoire du camp présidentiel au référendum sur la nouvelle Constitution et aux législatives du 22 mars 2020 n’augure-t-elle pas d’un succès à l’élection du 18 octobre prochain ?
En tout cas, ce scrutin est comme un piège à C. comme candidats de l’opposition : Comment boycotter sans ouvrir un boulevard à la réélection d’Alpha Condé ? Où comment y participer sans légitimer sa probable victoire ?
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